Les plantes médicinales

Auteur: Claire Alcais
Publié le:
janvier 03, 2025

L’essentiel

 

  • L'utilisation des plantes médicinales a existé dans toutes les civilisations.
  • Leurs propriétés thérapeutiques se sont transmises au fil des siècles.
  • Le savoir botanique contemporain est issu des diverses appropriations et échanges de plantes à travers le monde.
  • Remèdes anciens, les plantes médicinales ouvrent la voie à des alternatives thérapeutiques grâce à la recherche et notamment à l’isolement de leurs principes actifs.


 

La consommation des plantes à travers l’histoire comme moyen de se soigner est un usage très ancien, qui perdure aujourd’hui avec l’avancée de la science quant au pouvoir thérapeutique et aux vertus bienfaisantes du monde végétal.
Explorons ici le rôle des plantes médicinales ainsi que l’évolution de leur utilisation selon les époques et les cultures.

 

Aperçu de l'utilisation des plantes médicinales

 

De la Préhistoire aux premières civilisations

 

Au cours des différentes époques les plantes ont été considérées tantôt comme des éléments de rituels, des marchandises essentielles mais surtout des ingrédients de pharmacopée.

A la Préhistoire, l’homme consomme des plantes pour se nourrir mais il expérimente aussi leurs vertus curatives. Les archéologues ont en effet découvert dans des sites funéraires datant de 60 000 ans des traces de l’utilisation de plantes médicinales notamment de l’ail et de l'achillée millefeuille, probablement pour des rituels ou des soins (1). La reconnaissance progressive des plantes toxiques et comestibles est en effet devenue un savoir qui s’est transmis tout d’abord oralement puis par des documents. 

 

ail achillée millefeuille
Ail Achillée millefeuille

 

La recherche a montré par exemple que trois millénaires av. J.-C., les Sumériens se servaient du pavot pour ses propriétés analgésiques (2). 

 

pavot
Pavot

 

En Égypte, le papyrus dit Ebers, l’un des plus anciens documents médicaux au monde, rapporte une importante pharmacopée, principalement élaborée à partir de plantes (3) pour traiter la douleur ainsi que diverses affections. Les Égyptiens recherchaient dans les végétaux des qualités relatives à leurs croyances « phytoreligieuses ». (4)

 

Papyrus Ebers, Leipzig University

Papyrus Ebers, Leipzig University

 

Dans ce papyrus sont ainsi citées plusieurs fois les plantes suivantes :

acacia baies de genévrier lotus
Acacia Baies de genévrier Lotus
saule sycomore valériane
Saule Sycomore Valériane

 

Mais aussi des fruits :

dattes figues jujube raisin
Dattes Figues Jujube Raisin

 

Ainsi que des épices... (5) :

coriandre cumin
Coriandre Cumin

 

La médecine traditionnelle chinoise, qui remonte quant à elle à 5000 ans, repose sur une immense connaissance des plantes, dont un traité nommé le Shennong Bencao Jing ou herbier classique de Shennong (patron mythologique des médecins et pharmaciens) mentionne déjà par exemple le gingembre et le ginseng. (6)

 

gingembre 2 ginseng 3
Gingembre Ginseng

 

Transmission des connaissances sur les propriétés des plantes

 

Dans la Grèce antique, l’utilisation thérapeutique des plantes a été développée par Hippocrate et Dioscoride, lequel écrit en 77 un recueil intitulé « De materia medica » recensant plus de 500 drogues. Pline l’Ancien et Celse, complètent cette liste au 1er siècle de notre ère, tandis que Galien détaille la préparation de ces « médicaments » (7). Le savant grec Théophraste et fondateur de la botanique écrit deux ouvrages consacrés aux plantes : l'Histoire des plantes et Des causes des plantes (8). Trois siècles après J-C, la tradition est de penser que « la providence divine a voulu que l'homme soit accablé de maladies, mais en même temps, elle a pris soin de faire pousser des plantes appropriées à la guérison de chacun de ses maux ». (9)

Au Moyen-Âge, ce sont les moines qui ont assuré la transmission des savoirs médicinaux notamment grâce à leurs herbiers et aux jardins des monastères. C’est l’alchimiste Paracelse qui introduit à la Renaissance les notions de principes actifs et de spécificité des plantes dans sa théorie des signatures, notamment à partir de l’idée que toute plante est porteuse d’un message. A cette époque, les médicaments sont des mélanges de substances préparés à partir de plantes distillées : sirops, huiles, emplâtres etc. (10)

 

Appropriation des plantes médicinales et échanges commerciaux

 

Au XVIème siècle, de nouvelles découvertes végétales issues de l’Amérique viennent compléter le savoir antique. Leur emploi est susceptible d’une élaboration savante où l’extraction et la transformation entrent en jeu. Les plantes du « Nouveau Monde » sont ainsi envisagées et les Indes deviennent un réservoir de ressources naturelles. « L’Europe s’approvisionne en plantes médicinales, (…) et surtout en chocolat (fève de cacao) et en tabac. Ces deux derniers produits, en traversant l’Atlantique, quittent le registre rituel des Indiens pour entrer dans le registre de la médecine des Européens ». (11)

 

fèves de cacao

feuilles de tabac

Fèves de cacao Feuilles de tabac

 

Cela est le cas par exemple pour le quinquina et son écorce, toutefois les nombreux intermédiaires lors des voyages et du transport des plantes ainsi que leur rareté impliquent des falsifications. L’appropriation de ces remèdes végétaux se heurte d’autre part à la médecine européenne avant de pouvoir être diffusés et validés en tant que traitements par les médecins et les apothicaires.

Les investigations scientifiques à partir du XVIe siècle jusqu’au début du XXe siècle avec ses régimes coloniaux, ont permis le développement et le transfert de connaissances d’un savoir botanique incluant l’étude des plantes exotiques, dont la phytothérapie contemporaine reflète l’héritage médicinal.

 

Richesse du savoir botanique ancestral

 

Les peuples autochtones d'Amérique possèdent une longue tradition d’utilisation des plantes à visée thérapeutique. Par exemple, la feuille et l'écorce de saule étaient couramment recommandées pour leurs propriétés anti-inflammatoires et antiseptiques (12). Les tribus d’Amazonie utilisaient la riche diversité de leurs plantes pour lutter contre les infections, les troubles digestifs, ou les maux de tête. A l’instar du caoutchouc, du piment, de la patate douce, de l’ananas ou encore du manioc, le guarana est un exemple de végétal domestiqué il y a plusieurs millénaires au Brésil pour ses propriétés énergisantes. Son nom signifie « principe de la connaissance » (13). Ces plantes des communautés ancestrales d’Amazonie sont les témoins vivaces de la biodiversité et des savoirs, à travers notamment une histoire de la colonisation.

 

guarana
Guarana

 

L’emploi d’espèces végétales et de plantes médicinales demeure une pratique importante dans de nombreuses cultures, où se soigner passe par la transmission de remèdes, décoctions d’écorces, de feuilles ou de racines, notamment sur le continent africain.

 

Des remèdes anciens à la recherche scientifique sur les plantes médicinales

 

Le passage de l’usage traditionnel des plantes à l’isolement des principes actifs s’est établi à partir des connaissances anciennes. Ces exemples démontrent l’efficacité des remèdes traditionnels par des découvertes scientifiques modernes.

 

  • Ainsi, l’utilisation depuis plus de deux siècles de la digitaline, un glycoside issu de la digitale pourprée a permis de développer un médicament couramment employé pour les troubles cardiaques. Aujourd’hui, grâce à cette plante, les symptômes de l’insuffisance cardiaque sont diminués (14).

digitale pourpre
Digitale pourpre

 

  • L’aspirine, provenant de l’extraction de l'acide salicylique de l'écorce de saule, est devenue au même titre un médicament essentiel.

écorce de saule
Ecorce de saule

 

  • La quinine contenue dans l’écorce de quinquina a permis de traiter le paludisme. 

écorce de quinquina
Ecorce de quinquina

 

Le rôle des plantes dans les traitements de santé naturels et alternatifs est primordial et peut ouvrir la voie à de nouvelles découvertes thérapeutiques. 

Un lien millénaire s’est tissé entre l'homme et les plantes médicinales depuis les premières traces de leur usage empirique jusqu’à la recherche contemporaine de leurs mécanismes d’action. Qu’il s’agisse d’effets antioxydants, de propriétés antivirales, d’actions anti-inflammatoires ou sédatives etc., le potentiel des plantes offre des perspectives de recherches et d’applications thérapeutiques toujours prometteuses.
 
L'intégration en nutraceutique de plantes médicinales ancestrales est l’occasion de valoriser la phytothérapie et ses bienfaits au détriment de certains traitements chimiques synthétiques aux multiples effets secondaires. Le défi majeur pour l’utilisation de ces plantes médicinales précieuses réside dans l’identification végétale, le dosage et l’innocuité, trois critères à respecter outre la règlementation, afin de garantir une efficacité et un usage optimaux.

 

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Sources :

(1) https://www.hominides.com/html/actualites/neandertal-plantes-medicinales-0634.php 
(2) Christian Le Marec,, Histoire de l’opium médicinal: Du pavot aux alcaloïdes de l’opium, Douleurs : Evaluation - Diagnostic - Traitement,Volume 5, Issue 2, 2004, Pages 83-98, ISSN 1624-5687, https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S162456870494499X?via%3Dihub 
(3) https://www.universalis.fr/encyclopedie/decouverte-du-papyrus-ebers/ | http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/ebers1875bd1/ 
(4) Nathalie Baum, « L'organisation du règne végétal dans l'Égypte ancienne et l'identification des noms de végétaux », dans Sydney H. Aufrère (dir.), Encylopédie religieuse de l'Univers végétal, Croyances religieuses de l'Égypte ancienne, vol. 1, Université Paul Valéry - Montpellier III, 1999, p. 421-443.
(5) Thierry Bardinet, Les papyrus médicaux de l'Égypte pharaonique. Traduction intégrale et commentaire, Paris, Fayard, 1995. Papyrus Ebers : p. 157-197 (présentation), p. 251-373 (traduction)
(6) Park HJ, Kim DH, Park SJ, Kim JM, Ryu JH. Ginseng in traditional herbal prescriptions. J Ginseng Res. 2012 Jul;36(3):225-41. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23717123/ 
(7) QUETIN-LECLERCQ, Joëlle. Le voyage insolite de la plante au médicament. Journal de pharmacie de Belgique, 2002, vol. 57, p. 11-20.
(8) Théophraste,  Recherches sur les plantes. À l'origine de la botanique, Belin, 2010, 420 p. Théophraste, Sur les Plantes, Paris, Éd. Leroux, 1887.
(9) M-J. Imbault-Huart, La médecine au Moyen Âge, éditions de la Porte Verte - Bibliothèque Nationale, 1983, p. 129-130.
(10) LEFEBVRE, Thierry et RAYNAL, Cécile. Paracelse. Entre magie, alchimie et médecine: une vie de combat au temps de la Renaissance. Revue d'Histoire de la Pharmacie, 1996, vol. 84, no 311, p. 407-410.
(11) LAMY, Jérôme. Samir Boumediene, La colonisation du savoir. Une histoire des plantes médicinales du «Nouveau Monde»(1492-1750). Vaulx-en-Velin, Éditions des Mondes à faire, 2016, 477 p. Association Paul Langevin, 2017.
(12) COSTE, Jean-François et WILLEMET, Remi. Essais botaniques, chimiques et pharmaceutiques, sur quelques plantes indigènes, substituées avec succès, à des végétaux exotiques, auxquels on a joint des observations médicinales sur les mêmes objets, etc. Chez la veuve Leclerc, 1778.
(13) Beaufort, B., Lochard, A., Dessins : Vieillard, E. (2018) . À l’assaut de la biodiversité Le contrôle des plantes d’Amazonie, un business juteux. Z : Revue itinérante d’enquête et de critique sociale, N° 12(1), 136-139.
 (14) Hood, Jr. WB, Dans AL, Guyatt GH, Jaeschke R, McMurray JJV. Digitalis for treatment of heart failure in patients in sinus rhythm. Cochrane Database of Systematic Reviews 2014, Issue 4. Art. No.: CD002901. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24771511/ 

Life Science & Nutrition, Rubrique Point de Vue

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Claire Alcais

Claire Alcais

Rédactrice - Auteure

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